OM Olympique de Marseille

Excelsior Roubaix OM 1 - 2

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19ème journée

Stade Amédée PROUVOST

12 février 1939

EXCELSIOR

1-2

MARSEILLE

HEISS ( c.s.c.)

ZERMANI, KOHUT

Mr KISSENBERGER

6 000

 

 

 

 

Excelsior Lacoste , Arana, Dhulst, Tobia, Desrousseaux, Lietaer, Buge, Hiltl, Guimbard, Luddens, Kups.
Marseille Vasconcellos, Patronne, H. Conchy, Olej, Max Conchy, Gonzalès, Zermani, Ben Barek, Angles, Heiss, Kohut.

Le Match de l'Année 38/39
Il ne faut jamais prendre les choses à la légère : telle est la conclusion qui s'impose à la suite de la rencontre gagnée, aujourd'hui par Marseille aux dépens d'Excelsior (2-1).
Une victoire plutôt nette des Méridionaux paraissait assurée lors du changement de camp. Non pas que les Nordistes aient été outrageusement dominés jusqu'alors, loin de là, mais Excelsior n'avait rien tiré des occasions qu'il s'était créées, et Marseille, au contraire, avait non seulement marqué par deux fois, mais donné l'impression de réussir ses efforts au but comme et quand il le voulait.
La facilité dans le succès n'est pas un stimulant à l'activité. On s'en aperçut bien au cours de la seconde moitié du match. Paraissant assurés du résultat, les Marseillais oublièrent leurs qualités essentielles, la vitesse, la simplicité, la netteté.
Ils crurent pouvoir se contenter de vivre sur leur avance, et décomposèrent en quelque sorte leurs mouvements offensifs.
L'humeur d'Excelsior n'était pas de laisser passer pareille attitude sans en tirer tout l'avantage possible.
L'intérêt qui avait paru s'émousser, revint s'imposa, s'amplifia quand il n'y eut plus qu'un but d'écart à la marque entre les deux adversaires. Dès lors et jusqu'au coup de sifflet final, un match nul apparut possible. Marseille n'en était plus à chercher l'élégance dans la victoire. Défenseurs, demis, intérieurs tous repliés, ne visiaent qu'à éloigner le péril et la balle, à grands coups de botte. Excelsior ne jouait plus en club acceptant une défaite inévitable, voire peut-être la relégation qui le menace toujours, mais en grand équipe, assoiffée d'honneurs et de succès.
Ce renversement de situation, que la marque ne traduit pas complètement , fut d'autant plus impressionnannt que le début de la rencontre avait montré Marseille sous son meilleur aspect. Sans doute, les dégageemnts des arrières et les déplacements de jeu des demis manquaient-ils de précision ; mais derrière eux veillait le souple et "spectaculaire", Vasconcellos. Sortant à bon escient considérant la limite de réparation comme son territoire propre, quitte même à la dépasser et à se faire pénaliser de ce fait, le Brésilien donnait une impression d'invulnérabilité parfaite. Ses partenaires de la défense montraient, eux, plus de vigueur que de finesse, plus de promptitude que de réflexion plus d'enthousiasme que de sûreté tactique.

Fort heureusement pour l'élégance du jeu, devant ces athlètes énergiques, parmi lesquels Henry Conchy jouait un rôle éminent, brillaient deux des meilleurs intérieurs de France ; ni Ben-Barek ni Heiss, ne se sont toutefois fait cet arpès-midi, sur le terrain du Crétinier, complète justice. Mais quelle belle démonstration ils ont fournie, au cours de toute la première mi-temps, de ce que doit être leur rôle !

Les passes précises du Marocain et les actions plus appuyées de l'ancien légionnaire créaient le danger à tout instant. On vit en une occasion de courageurs Desrousseaux, le type même du demi travailleur, un entêté des Flandres, avoir un geste de découragement en constatant l'inutilité de ses efforts. Deux buts furent alors marqués, inévitables dans leur réalisation au point de paraître faciles. Sur une passe venant de la doite et sous la responsabilité d'Angles, Kohut reçut la balle et la plaça irrésistiblement dans les filets. Ce fut, ensuite, d'une erreur de Desrousseaux que Zermani surgissant à toute allure, parvint à tirer tout le parti possible.
Entre temps, Excelsior n'avait pas été confiné au rôle de simple spectateur. Mais ses avants prenant trop leur temps, s'étaient vus bousculer ou avaient accepté l'emprise des défenserus méridonnaux. Une certaien impression de manque d'efficacité s'affirmait. D'où sans doute la façon désinvolte dont les joueurs marseillais, à leur tour parurent considérer les choses après le repos. Ben Barek alors s'attardait à des fioritures inutiles, évoluait au petit trot. De son côté Heiss donna en quelque sorte à ses adversaires un but d'imporance considérable en passant inutilement la balle en arrière et en battant ainsi Vasconcellos, lequel s'était avancé inconsidérément.
A cet instant la foule -environ 6.000 spectateurs- s'aperçut qu'Excelsior malgré son manque de promptitude dans l'action, était à même d'éviter la défaite. Sous les acclamations, les Nordistes tentèrent désespérément de jouer leur chance.
Marseille, se rendant compte du danger, oublia toute idée autre que celle d'écarter le péril. Heiss n'en était plus à songer à des redoublements de passes. Ben Barek jouait à son tour de volée, comme tous ses partenaires, et avec tour de volée, comme tous ses partenaires et avec toutes l'aisance et toute l'adresse qui lui sont propres. Les instants qui passèrent furent lourds d'angoisse pour les Marseillais, et ce fut avec un soupir de soulagement qu'ils entendirent le coup de sifflet final.

Excelsior n'est pas parvenu à sauver le match ni le point qu'il pouvait un moment espérer obtenir. Mais il n'est pas douteux que l'équipe, aussi irrégulière paraisse-t-elle vaut mieux que son classement actuel. Sa recherche de football précis, une certaine lenteur d'action dans les moments décisifs lui jouent souvent un mauvais tour dans les rencontres très âpres du championnat. Il en a été ainsi aujourd'hui où, avec la complicité involontaire de ses adversaires, il n'échoua que de toute justesse dans la réussite du bel exploit qui parut quelque temps possible.