Octobre 1955 URSS et France 2 à 2 Stade Lénine

Résumé Saison
Moscou (Stade Lénine) URSS France 2 à 2 (2 - 1)
Arbitre Mr Ellis (Angleterre)
54000 Spectateurs
FRANCE Remetter - Louis, Marche - Penverne, Jonquet, Marcel - Foix, Glovacki, Kopa, Piantoni, Vincent (puis Bliard). Entraineur BATTEUX
URSSRatzinski - Porhunov, Ogonykov - Betsa, Maslenkine, Netto - Chabrov (puis Tatouchine), Streltzov, Simonian, Salnikov, Ilyine
BUTS KOPA (29e) PIANTONI (64e) STRELTZOV (42e) SIMONIAN (46e)
Après avoir fait en fin de saison dernière figure d'outsider du football international, le "onze" de France a gagné ses galons de vedette à part entière, en tenant en échec (2-2) sur la pelouse du stade Dynamo, l'équipe qui, à deux reprises, refusa de s'incliner devant la Hongrie.
Ainsi, depuis la Coupe du Monde, où une défaite de justesse devant la Yougoslavie, un authentique "grand" de la balle ronde, lui valut les plus injustes des reproches, notre équipe est restée invaincue après avoir battu, entre autres, l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre et réussi le nul sur le terrain de l'un des plus sérieux prétendants à la couronne mondiale.
Les "tricolores" ont réalisé leur dernier exploit -le plus difficile à coup sûr- sans bénéficier du concours de la chance.
Le score de 2-2 inscrit sur le curieux tableau d'affichage du stade Dynamo a reflété sans aucun doute les mérites respectifs des deux équipes que 54 000 spectateurs, au jugement d'une objectivité exemplaire, ont réuni à l'issue du match dans les mêmes applaudissements.
Et Kopa, le héros de la partie, pouvait déclarer sans forfanterie en foulant le tapis des confortables vestiaires de la grande arène moscovite :
"Ce match, nous aurions pu le gagner, car nous avons eu plusieurs occasions de but. Je ne dis pas que nous devions le gagner... mais je crois que personne ne contestera que nous méritions le match nul."
En effet, si durant la plus gande partie des 90 minutes notre équipe fut dominée territorialement, jamais même au plus fort de la pression adverse elle ne perdit le contrôle de ses nerfs et ses réactions toujours promptes et résolues donnèrent jusqu'à la dernière minute, où un shoot terrible de Glovacki faillit leurs assurer la décision, la preuve que ses possibilités étaient intactes.
Albert Batteux a réalisé sa chronique pour Miroir Sprint et voilà son analyse à l'issue du match
Avant le match contre l'U.R.S.S. si l'on avait dit aux joueurs français qu'ils obtiendraient le match nul, nul doute qu'ils eussent accueilli cette prévision avec une intense satisfaction : ce match n'apparaissait-il point comme le plus dur, le plus périlleux que notre sélection ait eu à disputer depuis longtemps.
Après le match, si cette satisfaction se manifesta, il s'y mêlait du moins chez les joueurs, une légère -oh ! très très légère- déception : nous avons réussi une excellente performance, nous aurions pu réaliser l'exploit ! - avec un peu plus d'audace.
Avance de comprendre le petit regret de ceux qui ont bien mérité de notre football, il convient de donner quelques précisions sur leur état d'esprit avant le match.
Avaient-ils une chance de gagner ? Bien sûr !
Des joueurs représentant l'élite d'un football national ne se présenent jamais devant un adversaire - fût-il le meilleur du monde ! - en victimes consentantes.
Comment devaient-ils jouer cette chance ?
Les Soviétiques opérant selon un système et suivant des principes très classiques, il était normal que la France opérât également d'une façon classique, tout au moins en défense, c'est-à-dire en pratiquant le marquage individuel.
Ainsi n'y eut-il, dans la préparation techniquedu match, aucune "arme secrète" où "piège " de la même veine.
Cependant compte tenu du prestige dont jouissaient leurs adversaires, nos joueurs s'étaient pénétrés de ces deux vérités. Notre attaque peut, grâce à son jeu, certes moins puissant, mais plus fin et peut-être plus mobile que celui des Soviétiques, faire des brèches dans la défense adverse et réussir à la prendre en défaut. A la condition importante que notre défense ne soit pas submergée par la masse adverse.
Il importait donc qu'avant tout notre défense résistât à tous les assauts ; grâce à la valeur de ses composants, grâce aussi à l'aide que pouvait leur prêter l'un ou l'autre de nos avants, qui savaient ce qu'on pouvait attendre d'eux dan ce domaine.
En particulier, Piantoni et Glovacki, dont on ne peut dire qu'ils sont vraiment des intérieurs du type "chien de berger", s'étaient promis d'apporter un soin particulier à leur action défensive.
Notre attaque peut, grâce à son jeu, certes moins puissant, mais plus fin et peut-être plus mobile que celui des Soviétiques, faire des brèches dans la défense adverse et réussir à la prendre en défaut. A la condition importante que notre défense ne soit pas submergée par la masse adverse.
Il importait donc qu'avant tout notre défense résistât à tous les assauts ; grâce à la valeur de ses composants, grâce ausi à l'aide que pouvait leur prêter l'un ou l'autre de nos avants, qui savaient ce qu'on pouvait attendre d'eux dan ce domaine.
En particulier, Piantoni et Glovacki, dont on ne peut dire qu'ils sont vraiment des intérieurs du type "chien de berger", s'étaient promis d'apporter un soin particulier à leur action défensive.
Ainsi fut fait. La défense tint très bien, l'attaque fut souvent dangereuse, et marqua. Et le match nul obtenu fut, de l'avis de tous les techniciens étrangers présents, largement mérité.

Pourquoi donc cette petite déception perçant dans les commentaires de nos joueurs après le match ? Parce qu'ils avaient un peu le sentiment que, s'ils n'avaient pas autant craint leur redoutable adversaire, s'ils n'avaient autant voulu prouver leur abnégation au profit de l'équipe -Piantoni fut remarquable à cet égard- s'ils avaient davantage appuyé leurs mouvements offensifs, ils auraient peut-être pu emporter cette victoire qui auraient peut-être pu emporter cette victoire qui aurait fait sensation.
Il est difficile de dire ce qui aurait pu se passer, si...
Que les joueurs français soient cependant, et sans aucune réserve, très satisfaits de leur performance et de la façon dont ils l'ont réalisée.
Leur jeu a été prudent mais il n'a jamais été négatif. Et quelques-unes de leurs offensives, en seconde mi-temps furent de grande classe.
Et surtout, alors que l'on parle partout du fameux rush final soviétique, de leur résistance physique, qui leur permet, en fin de compte, de terrasser leur adversaire, on vit, dans les dernières minutes du match, l'équipe de France, paraissant plus fraîche dominer sa rivale et avoir deux balles de match qui faillirent lui permettre de triompher.
Au fond, c'est sans doute pour cela qu'il y eut en fin de compte ces petits regrets...
Qui n'enlèvent pourtant rien, rassurez-vous à la satisfaction générale. .