OM Olympique de Marseille

UEFA 1994/95 L'OM vainqueur au Pirée

13 Septembre 1994 Le Pirée
l'OM bat Olympiakos 2 à 1(1 - 0)

Arbitre Mr Pairetto(Italie) 48000 Spectateurs

Buts Ferrer(31') Marquet (79') Ivic (57')

OM Barthez, Jambay (Germain 49e) Casoni, Wacouboué, Marquet, Durand, De Wolf, Dib, Ferrer, Ferreri (Mazzolini 60e) Cascarino Entraineur Bourrier
OLYMPIAKOS Le Pirée Tohouroglou, Amatidis, Hantzidis, Karataidis (Tsantaikis (53e), Dabizas, Pahatouridis, Tsalouhidis, Alexandris (Yekini 46e), Estai, Batista, Ivic Entraineur Alefantos
Entre les cailloux, fruits d'une haine devenue presque ordinaire, ramenés d'une banlieue qui ne reconnaît plus ses fils puisqu'ils viennent d'ailleurs, et les pierres, majestueuses et dignes, des ruines de la Grèce antique, l'Olympique de Marseille -"roi déchu"-selon Socrate Kobalis, le président mécène d'Olympiakos, qui n'a pas la sagesse de son homonyme-se promène d'un même pas.
Qu'il soit chagrin ou enjoué.
A la remontée par tous promise en Première Division vient s'ajouter l'évidence d'une qualification pour le deuxième tour de la Coupe de l'UEFA si, d'ici là, le ciel ne tombe sur la tête des hommes de Marc Bourrier.
Le ciel ou, pourquoi pas au rythme où vont les choses et la bêtise humaine, quelques crachats ou bouteilles de bière, quelques coups de poing ou de pied, puisque la haine voyage plus vite que les appels au calme et à l'union sacrée par-delà les clivages du passé.
La haine,elle, n'a pas de frontières;
Elle passe, sans être arrêtée ni contrôlée, de la porte de Saint-Ouen à Athènes , et il n'y a, finalement, que les abrutis qui changent de camp. Passons.
Le plus étonnant dans le succès, méritoire et mérité, des Marseillais, l'autre mardi, n'est pas la victoire en elle-même. Entre la grande indigence d'un football grec, qui s'est certainement vu plus beau qu'il est en réalité, et la farouche volonté des camarades de Durand, la logique a rapidement choisi son camp.
"J'ai su très vite que cela se passerait bien." déclarait le regretté Wacouboué.)
Le plus étonnant n'est donc pas là, mais bien dans la manière avec laquelle cette équipe s'est comportée, quatre-vingt-dix minutes durant.
De toute évidence, trait d'union entre le vainqueur de Munich et l'équipe de Deuxième Division, l'Europe et le jardin des Olympiens, qu'ils se nomment Barthez, Wacouboué, Marquet ou Jambay, minots de le nouvelle génération, plus prometteuse encore que la précédente, celle d'une autre remontée.
Qui pouvait croire que le premier n'a pas encore vingt et un ans ? Pas Ivic, en tout cas,qui, las d'avoir tout essayé s'est décidé à tricher, mais de manière trop grossière.
Qui pouvait croire que le deuxième a tout juste vingt ans ?
Ni Tohouroglou, que la frappe de Jean-Christophe, si épurée, a laissé sans la moindre réaction, ni les supporters grecs qui ont vu s'envoler là leurs dernièrs illusions (80°). Qui pouvait croire que Jambay a fêté ses dix-neuf ans en avril dernier ?
Pas Tsalouhidis, que l'enfant des Comores, comme un grand, est allé tacler en pleine surface, évitant à Barthez, le magnifique , les aléas d'un face-à-face. (48°)
Que Casoni -après un début difficile-, Dib, Durand, De Wolf, Cascarino, Ferreri, Ferrer ou même Germain, quand il est entré en jeu, vieux briscards auxquels, malgré ses vingt-trois ans, il convient d'ajouter Barthez.
Et ils se comportent comme tels, il n'y a rien d'étonnant, même si le poids des ans et l'usure du temps pouvaient avoir fait naître quelques doutes.
Mais que les trois gamins suscités, au coeur de ce qu'on leur avait promis être l'enfer, soient les vrais dépositaires du savoir-faire marseillais, est la preuve d'un état d'esprit à nul autre pareil. Ils étaient, en réalité et pas seulement compte tenu de leur rôle défensif, les gardiens du temple olympien, entraînant les plus âgés sur les marches du succès.
La force de l'OM, celui d'hier comme celui d'aujourd'hui, est là, dans cette capacité à se dépasser pour un match.
Pour la gagne.
Et si l'équipe d'antan usait et abusait de son physique, dépassant souvent les limites, celle qui est rentrée victorieuse du Pirée n'a pas eu besoin de ces artifices-là -hormis un tacle de Durand sur Amanatidis, dès le 13° minute- pour marquer son territoire.
Au lieu d'être étouffés, car frileux, au lieu de subir d'entrée en reculant devant la pression annoncée, les anciens champions d'Europe ont, pour leur retour à la compétition continentale après une année de punition, agi à leur guise, d'autant plus aisément que leurs adversaires d'un soir ont, avant tout, montré l'étendue de leurs limites.
En première période, les gars ont prouvé qu'ils savaient jouer au ballon, et en seconde qu'ils avaient des tripes." (Bourrier)
La recette n'a pas changé. Beaucoup, beaucoup de pressing, comme à l'époque Goethals, pour porter le doute dans les esprits d'en face.
"En jouant assez haut, nous avons contrarié le jeu des Grecs. Et si l'ambiance était assez impressionnante, nous nous sommes appliqués, sur le terrain, à en limiter les effets. Même après l'expulsion de Durand, nous n'avons jamais douté." (Cascarino)
Jamais douté, jamais eu peur. Peur de quoi, d'ailleurs, tant les Grecs, coincés aux entournures, ont justement dû attendre que les Marseillais soient à dix pour faire naître l'illusion ? Une égalisation et puis s'en vont.
Les ailes du plaisir, les ailes du désir.

Et un 3 à 0 au retour, pour montrer que ce n'était pas un hasard.