OM Olympique de Marseille

Le Racing et l'OM partage les points au Parc des Princes

Archives Miroir Sprint
28 Août 1954 Parc des Princes ,
Racing Club de Paris et l'OM 3 à 3 (3 - 1)

Arbitre Mr Harzic 19538 Spectateurs

BUT GUILLOT (5'), GRILLET (13' et 43') BEN BAREK (40'), ANDERSSON (58' et 85')

OM ANGEL, PALLUCH, JOHANSSON, MESAS, SCOTTI, PEREZ, BEN BAREK, VANDOOREN, RUSTICHELLI, ANDERSSON, LE GALL Entraineur ROLHION
RACING PIVOIS, LELONG, MARCHE, GABET, SOSA, TORIS, MAHJOUB, GUILLOT, GRILLET, PILLARD, CURYL Entraineur JORDAN
La mauvaise partie jouée le dimanche précédent, à Lille, par le Racing Club de Paris n'avit pas empêché le public sportif de la capitale d'accourir au Parc des Princes pur suivre le match qui opposait le onze "ciel et blanc" à celui de l'Olympique de Marseille. Mais il faut dire aussi que la formation phocéenne jouit d'une faveur particulière auprès des sportifs parisiens.

Ceux-ci , indiquons le tout de suite, n'ont pas eu à regretter leur déplacement, car le match, s'il ne fut pas de qualité transcendante sous le rapport technique, fut vif, animé, joué rapidement, et émaillé de faits personnels remarquables.
Les marseillais sont en droit de regretter le match nul, car ils eurent généralement l'avantage dans le jeu, et à maintes reprises la chance favorisa leurs adversaires.

Mais ils présentèrent une formation si faible en défense, que finalement on admet l'équité du match nul.
D'autant plus qu'après 36 minutes de jeu, le Racing Club de Paris menait par deux bus à zéro (Pillard, Grillet) et qu'il atteignit le repos sur la marque de 3 buts à 1 (Grillet, Ben Barek).
Au point de vue tactique, le onze parisien fut plus subtil que celui de Marseille. Dominés individuellement, sauf à trois ou quatre postes, les Racingmen utilisèrent le seul moyen qui pouvait leur permettre de compenser cette infériorité individuelle en procédant par contre-attaques vives, soudaines et appuyées. Si bien que l'on vit fréquemment les buts parisiens en plus grand danger que ceux des Olympiens, mais la marque seulement ouverte par les avants du Racing.

C'était sportivement joué, tout en paraissant injuste, si l'on veut s'en tenir à la pression presque continuellement exercée par les joueurs de Marseille, le nombre d'attaques menées par rapport à celui de leurs opposants et leur supériorité dans l'occupation du terrain.

Mais aussi ce n'est pas avec une ligne d'arrières avec Palluch et Mésas devant un Angel alourdi et statique exagérement que l'on peut parer au danger pendant une heure et demie

Mais le travail poussé des joueurs marseillais finit par trouver sa récompense.
.Les Parisiens, qui avaient épuisé leurs forces à résister à la pression de leurs adversaires et en contre-attaques, faiblirent à partir de la 60e minute (marque 3 à 2) et l'inévitable vint. Un tir d'Andersson mit les deux équipes à égalité.
Au point de vue individuel, la liste des joueurs s'étant particulièrement distingués n'est pas longue à établir, si l'on veut juger sur le plan national.

Et après avoir inscrit au tableau les noms de Ben Barek, Johansson (quoique un peu lent) et Andersson (parce qu'il marqua deux jolis buts) pour le camp marseillais, Grillet, Pivois et Mahjoub (quoique souvent trop personnel) pour le camp parisien, notre stylo ne trouve plus un nom à ajouter.
Gabet moins faible que huit jours plus tôt à Lille, ne se mit guère en évidence. Marche fut très utile grâce à son énergie. Toris lent et imprécis.Lelong peu rapide et raide fut gêné devant un Andersson loin de sa meilleure condition. Guillot et Pillard ardents et bien intentionnés s'écroulèrent après une heure de jeu. Sosa ne se montra que par intermittence et Curyl joua un match médiocre.
De l'autre côté, nous avons dit ce que nous pensions de la partie de Angel, Palluch et Mésas qui ont des excuses à faire valoir. Scotti fit de bonnes choses, mais aussi de mauvaises.

Par exemple la série de fautes qui valut à son camp autant de coups francs. Pérez travailla d'arrache-pied du commencement à la fin du match, mais d'une manière fruste et sans brio, Rusticelli n'imposa pas sa présence.
Pas plus que Vandooren toujours lent à préparer sa passe, et Le Gall ne mit à son actif que quelques déboulés le plus souvent annihilés par Gabet.
L'arbitrage de M. Harzic fut difficile, car de nombreuses situations confuses compliquèrent sa tâche... Il s'en tira néanmoins au mieux
Mais ce fut, une fois de plus, un régal de voir évoluer Larbi Ben Barek qui ne semble pas vouloir accepter les ans.
Toujours aussi fin, adroit et clairvoyant et croyons nous en meilleure forme que la saison dernière à cette époque. Larbi s'efforça, et souvent avec bonheur d'utiliser ses partenaires. Quel modèle pour nos jeunes que ce parfait footballeur (un peu lent peut-être dans ces actions), mais si précis et si inspiré !
Admirez le style et la facilité extraordinaire du meilleur technicien que le football français ait jamais possédé : Larbi Ben Barek. Larbi est tellement maître de ses gestes qu'il ne se soucie nullement du ballon. Sur ce document pris au cours de Racing-Marseille, Ben Barek, qui contrôle le ballon de l'extérieur du pied gauche, en pleine course, a déjà "repéré" son partenaire engagé dans l'espace libre, sur sa gauche.