OM Olympique de Marseille

Coupe de France 1931 Le Club Français bat l'OM après 4 matches

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24 mars 1931 Club Français bat l'OM 2 à 1 (1 - 1) à Colombes
après prolongation

12000 Spectateurs
But Gallay, Mercier Boros
Club Français : Séchehaye ; Lepage, Parkes, Huvier, Hudry, Logez ; Gilloux, Miramon, Mercier, Rigolet, Boros.
Olympique de Marseille : Allé ; Durbec, Jacquier ; Harrison, Cabassu, Lefèvre ; Durand, Schneebeli, Boyer, Alcazar, Gallay
Après huit heures et demie de jeu, réparties en quatre matches de quatre-vingt-dix minutes, tous agrémentés, d'une prolongation de trente minutes, le Club de Français s'est, finalement qualifié pour les quarts de finale de la Coupe de France en battant, par 2 buts à 1, l'Olympique de Marseille.
Dimanche prochain, il rencontrera Excelsior Roubaix en un quart de finale, qui aurait dû se jouer le 8 mars ; le vainqueur de la rencontre aura affaire, le 12 avril, en demi-finale, à l'O.G.C. Nice, sur un terrain qui n'est pas désigné et qui sera peut-être le Stade Olympique de Colombes.
Dimanche à Colombes, les deux équipes s'affrontaient pour la cinquième fois.
Le 8 février, elles faisaient match nul à Marseille, 1 à 1
le 22 février,à Buffalo, l'O.M. battait le Club par 2 à 0 ; mais une réclamation contre Wernicke était si bien admise par la Fédération que celle-ci donnait match à rejouer.
On alla donc, le 8 mars, à Strasbourg où l'arbitre déclara que la neige rendait le champ de jeu impraticable.
De Strasbourg, on alla passer quelques jours chez soi pour se retrouver le 15 mars à Sète où l'on fit encore partie nulle, 3 à 3.
Avant-hier, la rencontre débuta de nouveau sur le mode connu : l'O.M. grâce à une très belle action personnelle de Gallay, marqua le premier but ; Mercier égalisa, à la suite d'un splendide exploit aussi, qui lui permit, après avoir dribblé Durbec, de reprendre le ballon en demi-volée, du pied gauche, et de battre irrémédiablement le gardien marseillais Allé.
Ces deux points obtenus, les équipes marchèrent, courbées sous le signe d'une fatalité mystérieuse, vers la prolongation, qu'elles atteignirent, en effet, sans encombre.
Là, la justice immanente décida du sort de la partie ; elle s'inclina devant les mérites du Club et lui accorda, par l'intermédiaire de Boros, le point de la victoire, sept minutes avant la fin de la demi-heure.
Le Club après un engagement désastreux et une incertitude qui dura vingt-cinq minutes, trouva sa cadence et prit la direction des opérations.
Il domina sa fatigue, une fois cette lente mise en train passée, tandis que l'O.M. semblait avoir jeté tout son feu au début et ne jouait plus qu'à la cravache.
Marseille avait adopté la fameuse tactique en W, qui répartit l'équipe en cinq lignes dans le sens de la profondeur ;
le gardien, les arrières, les demis, les intérieurs et les trois avants, des ailes et du centre.
Cette disposition aida considérablement la tâche des demis, qui avaient besoin d'être soutenus, mais elle voua les avants à l'oubli. Alcazar surtout en première mi-temps, servit avec netteté et à propos son ailier Gallay, et celui-ci fournit tout le travail utile de l'attaque ; puis Alcazar, à force de se replier, se fatigua, s'usa et livra tellement combat pour la possession du ballon, qu'il n'eut plus de loisir de penser à Gallay. Boyer, au centre, a paru alenti, déprimé, désabusé ;
A l'aile droite, Durand fut parfaitement oublié par son intérieur, Schneebeli, qui n'a rien de l'avant à aucun point de vue.

Les attaquants marseillais sentaient si bien leur inefficacité qu'en seconde mi-temps ils permutèrent les uns avec les autres. Boyer passa intérieur droit, le pauvre Schneebeli devenant le conducteur de l'offensive : puis Boyer glissa jusqu'à l'aile, Durand occupant le poste d'intérieur. Et, dans la prolongation, Boyer reprit sa place d'avant-centre, Schneebeli étant relégué, exilé à l'aile droite.
Où est la grande ligne d'avants de l'O.M. qui gagnait tous ses matches, même avec des demis et des arrières de classe moyenne ?
Il ne reste plus que Boyer, devenu l'ombre de lui-même, et Gallay, qui fit, dimanche, de très bonnes choses, mais qui ne fut pas suffisamment approvisionné.
Je ne me rappelle pas avoir vu une seule passe du demi gauche. Lefèvre à son ailier ; en deux heures de match, l'occasion devait tout de même bien se présenter, que diable !Allé a fait son devoir intégralement ; les arrières Durbec et Jacquier également, bien que le jeu soit presque uniquement destructif ; les demis se tenaient très loin des avants, mais ils avaient, ou ils auraient dû avoir, le renfort l'Alcazar et de Schnellebeli ; ils se montrèrent en tous cas lents, comme Harisson et Cabassu, ou dépasés par l'allure du jeu, comme Lefèvre.
Il reste cependant que ce sont les avants,gloire de l'O.M. qui ont perdu le match. Alcazar et Schnellebeli n'étaient pas là au moment de l'assaut ; Boyer n'a plus de mordant ; Durand ne réussit aucune de ses rares entreprises.
Seul Gallay, s'il avait été mieux utilisé, aurait pu gagner la partie.
Le Club a largement mérité son succès, malgré la lenteur de son démarrage, qui aurait été capable de lui valoir deux ou trois buts de retard.Il n'y eut pas d'homme très faible dans son équipe, à part son intérieur droit, Miramon, qui n'hésite pas à adresser des reproches à ses partenaires de l'attaque et de la défense, alors que c'est lui qui est surtout coupable.
Le gardien, Séchehaye, en dépit de son mauvais blocage du shot de Gallay, qui permit à celui-ci de rentrer en possession du ballon et de marquer , ne commit pas d'erreur ;Parkes, moins à l'aise sur terrain sec que sur terrain gras, garda pourtant son art de se placer et d'intervenir avant que l'adversaire ait commencé à construire son offensive.
; Lepage a un jeu simple, net qui à son utilité.Des trois demis, tous actifs, les plus malheureux fut Huvier, le capitaine de l'équipe, qui rata bien des passes et même des coups de pied placés ; les demi-centre Hudry est un honnête travailleur, qui a un fond inépuisable :
mais le plus remarquable fut certainement le petit Logez, ancien ailier qui a trouvé là sa voie et qui tint en respect tout venant, aussi bien Durand que Schnellebeli ou Boyer. Logez adroit de la tête et des deux pieds, clairvoyant est un très bon footballeur auquel on pourrait penser pour la sélection.En avants, l'ailier gauche Boros fut le meilleur : il est rempli de qualités d'à-propos ; son jeu est aussi facile que celui de Logez et plus expérimenté.

Il n'abandonne rien au hasard ; dommage que sa santé soit chancelante.Et L'avant-centre Mercier réussit de beaux mouvements, mais il sembla fatigué et manqua d'autorité, ce qui l'empêcha de mieux réaliser.
L'intérieur gauche Rigolet commet des erreurs en revanche, il est capable des prouesses les plus inattendues. Enfin, l'ailier droit, Gilloux, qui n'a rien d'un champion, joua cependant mieux que l'ailier droit adverse, Durand.

l est vrai que ce dernier fut plus figurant qu'acteur. Le club s'est justement qualifié pour les quarts de finale. Ne va-t-il pas se présenter dimanche en équipe fatiguée, devant un adversaire frais ? C'est à craindre. A l'entraîneur et aux dirigeants d'aviser.
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