OM Olympique de Marseille

Novembre 1957 Crise à l'OM, va-t-il descendre pour la première fois?

L'O.M., le vieil Olympique de Marseille, six fois vainqueur de la Coupe de France, champion en 1937, à nouveau champion de France en 1948, est en pleine crise.
Une crise qui dure depuis sept ans, mais dont l'importance n'a cessé de s'accroître pour atteindre son paroxysme cette année d'autant plus que l'O.M. est lanterne rouge du championnat et que son "âme" R. Scotti vient de prendre sa retraite.
Cette crise est due à la rivalité de deux hommes :
Le président actuel de l'O.M. (non reconnu par la Ligue Nationale) M. Zaraya et le président de la Ligue Nationale et ex-président de l'O.M. : M. Dancausse.
Cette dualité sur laquelle on pourrait écrire un roman débuta en 1949... avec la création de Marseille II.
Champion en 1948 avec le Bihel, Bastien, Sauveur Rodriguez, Scotti, Aznar, Dard, Robin, Salem, Libérati, Fontaine, Pironti, Nagy et martin etc... L'O.M. effectua une excellente saison 1949 avec approximativement le même effectif.
Le stade vélodrome était plein tous les dimanches. Le Tout-Marseille sportif bouillonnait. Dans les cafés de la Canebière, du Vieux Port, du quai Belzunce le football était le centre de toutes les conversations.
Devant cet engouement, M. Dancausse alors président de l'O.M. facilita pour la saison 1949-1950, la création d'un second club pro à Marseille qui fut appelé Marseille II. Pour sa première saison il obtint une excellente sixième place derrière Nîmes et le Havre.
La deuxième saison fut catastrophique.
Marseille II s'installa rapidement à la dernière place, subit une dernière défaite à Paris, face au C.A.P. avant de déposer le 13 décembre 1950 son bilan.
Pourtant deux mois avant cet abandon, on avait fait appel à un important négociant en légumes secs pour tenter de redresser la barre. C'était M. Zaraya . Le "trou" financier ne lui fit pas peur. M. Zaraya était prêt à le combler.
Il n'eut pas bourse à délier car "Marseille II" fut contraint à l'abandon par la suppression de ses équipes amateurs.
Vous n'ignorez pas que pour participer au championnat "pro" une équipe doit posséder une section amateur. Lors de la création de "Marseille II" M. Dancausse mit à la disposition du néo-pro les équipes amateurs du Crédit Lyonnais dont il est le directeur à Marseille. Quand M. Zaraya prit les rênes du club, elles furent retirées et reprirent leur ancienne appellation.
Ce qui n'empêcha pas M. L.-B. Dancausse d'abandonner la présidence de l'O.M. l'année suivante.
La venue à Marseille des Suédois Anderson (trois années consécutives, premier buteur de France) Johansson, le retour en France de Larbi Ben Barek permirent à l'O.M. de faire bonne figure en championnat et de n'échouer en 1953-1954 qu'en finale de la Coupe battu 2 à 1 par l'O.G.C.C. Nice.
En 1955, M. Rivière devint président de l'O.M. succédant au "Comité des Cinq" auquel appartenait MM Robin et Bicais. Mais en fait, c'est M. Zaraya qui dirige l'équipe "pro". Seulement il le fait officieusement n'ayant pas de carte de dirigeant. Tandis que M. Dancausse est élu président de la Ligue Nationale (alors groupement) en remplacement de M. Nicolas démissionnaire.
Au début de la saison dernière, cependant des supporters impatients réclamèrent le renforcement de l'effectif phocéen.
C'est alors que survint M. Bettini un ancien coureur cycliste qui se trouvant à la tête d'un groupe financier mettait à la disposition de l'O.M. 100 millions.
Dans des déclarations tapageuses M. Bettini parla de faire revenir "l'italien" Bonifaci et "l'espagnol" Kopa. Rien que ça.
Cependant l'équipe de Marseille effectuant une bonne fin de saison termina sixième et afin de ramener quelque chose sur la Canebière s'intéressa à la Coupe Drago qu'elle enleva par 3-1 devant Lens.
Et c'est de là que pour Zaraya commencèrent de nouveaux ennuis. Alors qu'au mois de juin M. Zaraya effectuait avec l'O.M. une tournée en Roumanie, à Grenoble se déroulait l'Assemblée générale de la Ligue.
Les représentants de l'O.M. M. Alfieri en tête avouèrent que M. Zaraya avait doublé la prime des joueurs après leur succès. C'était illégal. L'O.M. fut condamné à verser une amende d'un million et M. Zaraya se vit refuser sa carte de dirigeant.
Depuis le début de la saison, le club est en plein "baccarat". Les blessures, la grippe se joignent à la crise morale. Découragé, Roger Scotti l'inébranlable, a abandonné le professionnalisme.
Et le dimanche 3 novembre devant 8.000 spectateurs, l'O.M. battu par Béziers se retrouve dernière du championnat pour la première fois de sa carrière.
Il n'y a pas à s'affoler Avec son effectif actuel l'équipe marseillaise peut obtenir d'excellents résultats -elle l'a prouvé.
Il est vraisemblable que la crise, se dénouera lors de l'Assemblée générale de l'O.M. prévue pour le 28 novembre.
Qui triomphera de M. Zaraya ou du groupe des anciens olympiens de l'Amicale des "Crampons" de M. Etchepare Constant, Alfieri etc... dont M. Dancausse a dit : "Je suis leurs efforts avec sympathie" ?
Peut-être "l'homme aux cent millions" : M. Bettini qui, paraît-il il travaille sans bruit mais activement ?

La Retraite de Roger Scotti
Plus que ses six victoires en Coupe. Plus que ses deux titres de champion, le titre de gloire de l'O.M. est d'être le seul club français a avoir toujours joué en 1e Division en 25 ans de professionnalisme.
Il serait dommage que pour son 65e anniversaire le club provençal connaisse l'humiliation de la descente.