OM Olympique de Marseille

Coupe de France 1935 OM Stade Rennais 3 à 0

Malgré le fait qu'il est inscrit 1962 sur la Vidéo, il s'agit bien de la Finale 1935 entre l'OM et Rennes


Archives Miroir des Sports

5 mai 1935 Stade Colombes
OM bat Rennes 3 à 0 (3 - 0)

Arbitre Mr Leclercq 40008 spectateurs
Buts Roviglione (34eme) , Kohut (38eme) Jean Laurent csc (42e)
OM Di Lorto - Max et Henri Conchy - Charbit, Bruhin, Durand - Zermani, Alcazar, Roviglione, Eisenhoffer, Kohut
Rennes Collet, Rose, Pleyer, Jean Laurent, Volante, Gardet, Rouxel, Boccon, Bernasconi, Chauvel, Cahour.
Article du Miroir des Sports
du 10 mai 1935
L'Olympique de Marseille est digne de son titre de tenant de la Coupe de France.
Son équipe 1935 n'a en rien démérité sur celles qui ont précédemment enlevé trois fois l'épreuve et qui lui permettent de rejoindre, au palmarès du plus grand nombre des victoires, le Red Star, quatre fois gagnant de la populaire compétition du Petit Parisien.
Peut-être a-t-elle trouvé dans la chaude et même orageuse température de dimanche un appoint, supplémentaire : en tout cas, il eût été injuste qu'elle fût battue.
L'action de l'Olympique de Marseille, vainqueur de la Coupe de France 1935, 3 buts à 0, sur le Stade Rennais, dimanche dernier, au stade de Colombes, se subdivise tout naturellement en trois parties :
1ere Première période : trac. On nous avait décrit l'engagement des Marseillais comme devant être foudroyant. Il fut rampant et incertain. Alcazar commença par donner des coups de pied dans le vide, par "déchirer quelques belles toiles" suivant l'expression populaire sportive ; Charbit n'avait rien d'un demi international ; Zermani était timide comme un débutant ... Toute l'équipe était neutralisée par l'importance de l'enjeu, la crainte de mal faire et l'obsession de la défaite.
C'est que l'O.M. avait plus de responsabilités que Rennes ; ses joueurs de dimanche étaient porteurs d'un nom glorieux et héritiers d'une longue et belle tradition qui a conduit leurs prédécesseurs à trois succès, en 1924 en 1926 et 1927 et à une finale perdue, l'an dernier, sur Sète, 2 buts à 1.
Heureusement pour les Méridionaux, les Bretons peinèrent, eux aussi, à se mettre en train, tant ils étaient nerveux et impatients.
2° Deuxième période. Après 25 minutes de tâtonnement, l'O.M. trouva la cadence.
Les passes trouvèrent leur destinataire ; Eisenhoffer déclencha de beaux mouvements stratégiques ; Kohut quoiqu'il donne l'impression d'épaissir, réussit de superbes dribbles le long de la ligne et des centres prometteurs. Il n'est pas jusqu'à Alcazar lui-même qui ne contribua au jeu organisé et combiné. Durant cete période, qui s'étendit jusqu'à la mi-temps, les Marseillais furent les maîtres du terrain.
Leur flagrante supériorité ne revêtait pas seulement un caractère démonstratif ; elle mettait la défense rennaise en péril, et le gardien breton Collet eut vite fait de donner des signes non équivoques d'affolement .
Harcelée, bousculée, essoufflée, la formation défensive bretonne commit des erreurs de marquage des adversaires et d'occupation de terrain. Roviglione, l'avant-centre marseillais, mis en possession du ballon, à la 35e minute, n'eut qu'à prendre sa course pour passer entre les deux arrières et marquer un but que l'incertitude de Collet rendit encore plus inévitable.
Trois minutes plus tard, un nouvel effort de la droite de l'équipe marseillaise s'acheva par une passe très judicieuse à Kohut, et l'ailier gauche marqua d'un shot de biais le plus beau but de la partie.
L'assaut du camp rennais se poursuivit sans relâche et, à la 42e minute, un effort un peu lent, mais très puissant d'Alcazar et à proximité du but, jeta la perturbation parmi les défenseurs rennais.Ceux-ci attaquèrent ALcazar mais ils s'embrouillèrent, se gênèrent mutuellement, se bousculèrent ; finalement, le ballon rebondit sur le dos de Jean Laurent et pénétra dans le but, en portant à son comble la consternation des Bretons et de leurs supporters.
L'avantage de l'équipe marseillaise avait été net.
Deux buts eussent traduit plus exactement la différence de classe et de jeu, entre les deux finalistes.
Troisième période : la seconde mi-temps nous fit voir l'équipe marseillaise, satisfaite du résultat de 3 buts à 0, acquis avant le repos, et désireuse tout simplement de contenir ses adversaires.
Ainsi voit-on les amis d'un homme vindicatif et emporté déployer leur adresse et leur vigueur pour empêcher leur camarade de mettre ses intentions à exécution. L'Olympique de Marseille, jouait là un jeu dangereux, car rien ne vaut, pour garder la victoire, que de la consolider.
Heureusement pour les Méridionnaux, les Rennais ne réussirent jamais à prendre la direction des opérations. Chez eux un seul homme émergeait le demi-centre argentin Volante.
Mais la tâche était surhumaine pour lui. Ses avants étaient incapables de conserver le ballon, et ses deux demis aile accumulaient les erreurs. Seuls les arrières tenaient bon. Ce n'était pas suffisant.
Dans l'équipe de Marseille, un joueur dominait également tous ses partenaires, et c'était aussi le demi-centre : Bruhin.
Mais le footballeur suisse trouvait autour de lui aide et renfort, tandis que Volante s'épuisa en détentes défensives et en passes remarquablement dirigées, et malheureusement inutilisées. Le gardien de but, Di Lorto, hardi jusqu'à être par instants aventureux ; deux arrières, les frères Conchy, décidés et difficiles à passer,
trois demis, dont Charbit est le plus fin, Bruhin le plus autoritaire et Durand le plus fougueux, acrobatique et brouillon ;
cinq avants de tempérament, d'allure de conception et d'exécution très différentes -sauf les deux compères Eisenhoffer et Kohut.
La Coupe fut présentée au public Marseillais à l'Huveaune, et c'est Raymond Durand qui la porta devant la foule rassemblée et heureuse.