OM Olympique de Marseille

Coupe de France 1934 Sète OM 2 à 1

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8 Mai 1934 Stade de Colombes
Sète bat l'OM 2 à 1 (1 - 1)


Arbitre Mr Baert 40600 spectateurs
Buts Zermani(2eme), Lukacs (24eme, 75eme)
OM Di Lorto - Henri et Max Conchy - Charbit, Drucker, Schillemann - Zermani, Alcazar, Boyer, Eisenhoffer, Kohut
Sete Llense, Hillier, Gasco, Gabrillargues, Bukovi, Dupont, Monsallier, Beck, Lukaes, Miquel, Benounna
Article du Miroir des Sports du 13 Mai 1934
Un prodigieux succès d'affluence, par cet après-midi printanier de dimanche, a mis le stade de Colombes en état de siège  pour la finale de la Coupe de France 1934, équitablement, légitimement gagnée par le Football Club de Sète sur l'Olympique de Marseille.
Tous les records antérieurs de recettes et de spectateurs ont été largement battus. La fameuse finale Uruguay-Suisse (3-0) du tournoi olympique de Paris en 1924, que l'on se remémore comme le plus gros triomphe du football en France, a été menacée par le match national d'avant-hier.
Il y a dix ans, la finale olympique fut marquée par une recette de 540.000 francs et un public de 49.500 personnes.
Il y a deux jours, avec des prix de places beaucoup moins élevés qu'en 1924, la recette fut de490.900 francs et le nombre des spectateurs payants de 40.600
Nous précisons : payants, parce que plusieurs centaines de sportifs énergiques, sur les 10.000 personnes condamnées à rester dehors, prirent d'assaut les gradins du virage après avoir bousculé le service d'ordre, pénétrèrent ensuite sur la piste et les abords du terrain, lorsque la barrière de fer eût cédé sous leurs pression.
Quand l'invasion se produisit, le match se déroulait depuis une vingtaine de minutes, un match dur, âpre, sans enjolivements, sans concessions ni à l'adversaire, ni à l'art du football, bref, tout entier tendu vers le résultat.
Marseille, par Zermani, avait marqué un but, apparemment hors jeu, au bout de 120 secondes, mais les Sétois avaient le coeur bien accroché, le moral à toute épreuve et ils ne se montrèrent pas affectés par cette douche glacée.
Au contraire, ils prirent la direction des opérations luttèrent pour le ballon avec une ardeur farouche et cependant contrôlée et fournirent l'impression, malgré ce début dramatique, qu'ils allaient parer au coup du sort.
Vous imaginez quelle ambiance fut créée à Colombes par le but de Marseille et l'envahissement du stade.
La foule était haletante, vibrante et elle accompagnait de murmures et de cris l'essaim des joueurs se déplaçant sur le terrain.

Trois hommes donnaient au F.C. son allant, son unité, sa confiance : d'abord, le capitaine et intérieur droit Yvan Beck, l'ancien international yougoslave naturalisé Français ; puis les deux Hongrois, l'avant-centre Lukacs et le demi-centre Bukovi
Beck, suivant le nouveau style britannique, ne se souciait pas de garder fixement sa place et de commander la manoeuvre de loin.
Il était chaque fois sur le lieu des opérations ; il payait constamment de sa personne pour orienter le jeu, prêter main forte à ses défenseurs, lancer l'attaque, ou tenter lui-même le but, directement.

C'est sur une passe de Beck, en profondeur, que Lukacs filant entre les arrières, marqua à la vingt-quatrième minute, le but d'égalisation que le gardien marseillais Di Lorto toucha du bout des doigts, sans pouvoir détourner le ballon.

Marseille subit toutes une série de handicaps, les uns physiques, les autres tactiques.
La plus grave atteinte à la vitalité de l'équipe fut portée par le "claquage" musculaire de l'ailier gauche Kohut, insuffisamment remis de sa déchirure du dimanche précédant, et qui ne dura qu'un quart d'heure à peine.
Tous les Marseillais, en ce début de partie, jouèrent pour Kohut,avant que le remarquable international hongrois commençât à traîner la jambe.
Pour comble de malchance, l'ailier droit marseillais, Zermani se claqua lui aussi.
C'était trop demander à la lourde triplette du centre Alcazar, Boyer, Eisenhoffer, que d'attendre d'elle des percées en vitesse en finesse, et même en force.
Seul Alcazar, en fin de seconde mi-temps, donna le coup de boutoir nécessaire pour obtenir le but d'égalisation.  Par malheur, le but fut annulé, le juge de touche, M. Boês ayant auparavant signalé un hors-jeu de Zermani.

Cette annulation provoqua, on s'en doute, les vives protestations des Marseillais  L'arbitre, M. Baert, et le juge de touche M. Boês, furent pris à partie, injuriés et menacés par Di Lorto, Zermani, et Alcazar...
Sète, avant cet incident, avait marqué, à la soixante-quinzième minute, un second but à la suite d'un terrible shot de Beck sur le poteau, qui renvoya le ballon dans le terrain juste dans les jambes de Lukaes, démarqué.
Le meilleur marqueur de but de la division nationale expédia le ballon au fond des filets.
Ainsi les deux buts pour Sète furent obtenus par Lukaes, mais préparés par Beck le héros du match.

ci-contre l'équipe Sétoise qui allait faire le doublé 1934
Donc Marseille avait deux ailiers courant clopin-clopant ; une triplette du centre alourdie ; de plus, son demi-centre Drucker fut absolument noyé dans le flot du match

Depuis qu'il est Français et capitaine du F.C. Sète, Beck est l'inspirateur de son équipe et dépense une activité et une volonté contagieuses.Brave Yvan Beck, la victoire du F.C. Sète en finale de la Coupe de France 1934 est en partie la sienne !
Elle est aussi un peu celle de M. Bayrou, l'animateur sétois, qui, dimanche, alité et fiévreux, ne se réveilla que pour voir ses joueurs heureux et émus lui présenter la Coupe, qu'il toucha avec dévotion des doigts avant de retomber dans un lourd sommeil.

Autour de Beck, de Bukovi, qui électrisa l'arrière-défense, de Lukacs, dont le jeu de tête est sans égal en France, se groupent des hommes qui ont une valeur d'avenir, comme Llense et Gabrillargues, ou qui simplement de précieux footballeurs de club, comme Dupon, Monsallier, Benonna.
Autour de Beck, de Bukovi, qui électrisa l'arrière-défense, de Lukacs, dont le jeu de tête est sans égal en France, se groupent des hommes qui ont une valeur d'avenir, comme Llense et Gabrillargues, ou qui simplement de précieux footballeurs de club, comme Dupon, Monsallier, Benonna.
L'Olympique de Marseille, peut-être désemparé par le rétablissement incomplet de Kohut, manqua de confiance après sont très brillant départ. Di Lorto à part une erreur qui faillit coûter un but, fut aussi impeccable que son vis-à-vis, Llense.
Les deux arrières, Henri et Max Conchy, essaient trop de compenser par la résolution et la violence leur faiblesse dans le sens de la place à occuper. Le demi gauche Schillemann fut excellent jusqu'à ce qu'il se mit à boiter bas. Nous avons fait le procès des autres joueurs. Il convient toutefois de préciser que  Boyer, mal servi, se dépensa pour conquérir le ballon ; il se replia, se porta vers les ailes, mais la réussite ne fut pas très grande. 
L'énergie de Boyer ne fut pas communicative, comme celle de Beck. C'est peut-être là, avec le claquage de Kohut, l'explication de la défaite marseillaise