OM Olympique de Marseille

1966 Saint-Etienne OM

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Saint-Etienne bat l'OM à Geoffroy Guichard devant 14908 Spectateurs
Buts: REVELLI (57' et 74')
OM ESCALE, TASSONE, ARTELESA, ZVUNKA, LOPEZ, DJORKAEFF, DESTRUMELLE, CASOLARI, JOSEPH, BROTONS, BURON
Saint-Etienne BERNARD, BAREK, SBAIZ, BOSQUIER, POLNY, JACQUET, GONZALES, FEFEU, REVELLI, MEKLOUFI, N'DOUMBE
On attendait Mekloufi et Bosquier, on scrutait les deux vedettes bien connues que sont les néo-Marseillais Artelesa et Djorkaef, et l'on découvrit en fin de compte Hervé Revelli.
Revelli, dont le frère aîné Daniel est professionnel depuis longtemps déjà à Aix, est un pur produit de l'école gardannaise. Pour ceux qui ne s'en souviennent pas, précisons que Gardanne est cette petite agglomération ouvrière de la banlieue marseillaise -à sept kilomètres d'Aix- où l'on travaille à la mine, comme en plein pays noir. Voilà cinq ans, Gardanne se signala à l'attention de notre petit monde du football en éliminant Toulouse de la Coupe, puis en faisant trembler Lille au tour suivant.
Depuis, l'équipe -alors entraînée par l'ex-Olympien de Mareville, dit 'le Baron" et aujourd'hui dirigée par Cassar- a gagné son accession à la Division d'Honneur du Sud-Est et révélé -il y a deux ans de cela -un certain Hervé Revelli.
Avant d'être repéré par Saint-Etienne, le cadet des Revelli avait offert ses services à l'O.M. -le grand club de son secteur- qui se détourna vite de lui (politique d'égarement qui a heureusement fait long feu). Garçon sensible, Revelli n'avait jamais oublié cette attitude à son égard. La vengeance étant un plat qui se mange souvent froid, il a mis un an pour mijoter la sienne.
Et quelle vengeance : à lui seul, pour le match des retrouvailles entre Stéphanois et Marseillais, il a proprement exécuté le club provençal, celui qu'il avait tant aimé dans son enfance.
Que serait-il advenu de ce Saint-Etienne-O.M. sans la force de frappe du Gardannais qui inscrivit les deux buts du match (dont le second en conclusion d'un admirable exploit personnel) ? On se le demande encore. Pourquoi ? Mais parce que le terrain glissant -occasionné par une pluie persistante qui n'empêcha cependant pas 15.000 personnes d'accourir au stade Geoffroy-Guichard -compliqua singulièrement la tâche des meilleurs techniciens, et plus particulièrement celle de Rachid Mekloufi qui, toujours égal à lui-même dans l'art de faire jouer ses partenaires, apparut étonnamment maladroit dans le domaine de la réalisation, manquant entre autres trois occasions éminemment favorables qu'il aurait certainement exploitées en d'autres circonstances.
Il faut dire aussi que la défense en ligne de l'O.M. -et c'est là le premier sujet de satisfaction pour Domergue- s'acquitta longtemps de sa tâche avec une certaine autorité, soit au prix de bonnes actions individuelles, soit en maniant avec beaucoup d'adresse l'arme à double tranchant du hors-jeu (heureusement, le juge de touche Mazerand fut intransigeant sur le sujet).
Ainsi l'O.M., bien que dominé dans tous les domaines, peut-il faire illusion pendant près d'une heure, au point de laisser croire qu'avec une attaque plus consistante il aurait pu poser de sérieux problèmes à Bosquier et à ses camarades.
Tirer des conclusions de cette rencontre à sens unique est d'autant plus malaisé que la tactique appliquée par l'O.M. n'a pas permis aux Stéphanois - Revelli excepté- de donner leur pleine mesure.
Disons toutefois des hommes de Snella qu'ils ont gagné en toute justice, et qu'ils seront certainement des interlocuteurs valables. Saint-Etienne nouvelle manière, le voilà bien le grand outsider de la saison nouvelle, d'autant qu'il lui reste à récupérer Robby Herbin.
Et déjà, les premiers résultats -maximum de points, aucun but concédé -attestent de la vitalité (tant offensive que défensive) du football forézien.
A l'O.M., tout reste à bâtir. Passe encore pour la défense, qui ne manque pas d'arguments individuels et qui évolue déjà dans le sens indiqué par Domergue. Mais devant, le problème demeure posé pour un bon moment ;le grand attaquant que recherche fébrilement Marcel Leclerc ne sera pas de trop, mais encore importe-t-il qu'il ne se fasse plus attendre.
Paris ne s'est certes pas fait en un jour, mais à Marseille on n'a pour l'heure construit que sur une rive. Pour que l'avenir soit plus sûr, il faudra, à brève échéance, bâtir sur l'autre.