OM Olympique de Marseille

OM - Monaco à 21h, c'est aussi Leduc du Prince

Eliminé à Rennes aux tirs au but, l'OM aura à cœur de se racheter pour ses supporters ce samedi soir dans un nouveau choc qui va l'opposer à l'AS Monaco.
La compo probable de l'OM : Lopez – Garcia, Meïté, Balerdi, Clauss – Kondogbia, Onana, Veretout – Luis Henrique, Vitinha, Aubameyang
OM - Monaco un peu d'histoire

Monaco, pourtant, c'est bien sûr Le Prince.
Il y eut bien un Roy qui porta les couleurs des deux équipes, Serge de son prénom, mais il y eut aussi un Duc, Lucien Leduc.
Et comme on le sait dans nos chroniques, le futur se prépare toujours en pensant au passé.
Et en invoquant les deux équipes méditerranéennes, il faut avoir une pensée pour celui qui fut à l'origine des succès monégasques avant de venir à l'OM pour lui offrir avec Mario Zatelli un titre en 1971.
Car si l'AS Monaco a montré depuis plus de 50 ans une certaine philosophie de jeu, c'est à cet homme réservé mais efficace qu'elle le doit, lui qui arrivé en 1958 mena l'ASM à sa première Coupe de France en 1960, à son premier titre de champion en 1961 et à son premier et seul doublé en 1963.
Né le 30 décembre 1918, Lucien Leduc fut un joueur de talent, demi-aile de l'époque, Champion de France en 1947 avec le CO Roubaix-Tourcoing, vainqueur de la Coupe de France 1949 avec le RC Paris après deux finales perdues en 1942 et 1946.
Il connut 4 sélections et 1 but en équipe de France A en 1946, dont la fameuse victoire par 2 à 1 contre l'Angleterre.

Mais c'est comme entraîneur qu'il se forgea un palmarès beaucoup plus important que sa renommée.Car cet homme modeste et discret n'aimait pas trop se mettre en avant, laissant à ses joueurs la part de gloire qu'il refusait pour lui.
Il fut un bâtisseur dans tous les clubs qu'il entraîna, avec une philosophie de jeu toujours basée sur l'attaque.On se souvient de cette équipe monégasque du début des années 60, avec le duo incomparable Douis/Théo, les marseillais Henri Bianchéri et Loule Cossou, et Michel Hidalgo comme capitaine.

Après Monaco, il partit en Suisse au Servette de Genève, puis s'occupa de l'équipe d'Algérie renaissante après l'indépendance, d'Angers avant que Marcel Leclerc n'aille le chercher en décembre 1970 pour former un duo étonnant et très complémentaire avec Mario Zatelli.
Le succès ne se fit pas attendre, l'OM fut champion devant Saint-Étienne, marquant 94 buts avec un Josip de feu (44 buts à lui tout seul) avant de remettre ça la saison suivante en 1972 avec un doublé au bout.
Mais le bon Lucien ne put connaitre l'apothéose de la finale dans le nouveau Parc des Princes.
Leaders avec 7 points d'avance, mais battus au vélodrome par Bastia 2 à 0, les Olympiens virent leur président Marcel Leclerc limoger à la surprise générale leur entraîneur, pour confier la direction de l'équipe au seul Mario Zatelli.
Lucien Leduc détient certainement le record du coach limogé avec le plus grand nombre de points d'avance en championnat.

Après un passage à Reims, en Belgique et au Maroc, il retourna à Monaco pour un nouveau titre de gloire.
Il fut champion de France, en 1978, un an après la promotion du club en première division, ce qui constitue un exploit qui n'a qu'un équivalent en France ( Bordeaux en 1950).
Avec Dalger, Onnis, Petit et un certain Rolland Courbis comme défenseur central, il redonna son lustre à l'AS Monaco qui en avait bien besoin après deux descentes successives en D2, avant de prendre sa retraite à l'aube de la soixantaine.

En 1983, à la demande pressante du président Borelli, il accepta de donner un coup de main au Paris Saint-Germain en mauvaise posture, histoire de tourner définitivement la page après un dernier tour de piste au Parc des Princes.

Pour revenir à ses années monégasques, c'est lui qui donna toute sa réputation de beau jeu au club du Rocher, avant que d'autres ne continuent son œuvre, comme Gérard Banide, Arsène Wenger, Jean Tigana, et un certain Didier Deschamps qui mena l'équipe du Prince à la finale de la Champion's League en 2004.
Cette année là, comme un signe du destin, Lucien Leduc tira sa révérence à 85 ans, toujours de la même manière, avec discrétion.
Et comme pour se rappeler au panthéon des entraîneurs marseillais, il le fit pratiquement en même temps que Jean Robin, Mario Zatelli, son vieux complice, et Raymond Goethals, dans une funeste année.
Il a bien mérité de l'AS Monaco et de l'OM, et nul doute que certains penseront à lui au moment du coup d'envoi.

Les Princes ont toujours besoin de ducs, mais comme d'habitude, il se contentera de ne pas déranger, tout en faisant un petit clin d'œil à Mario Zatelli.