OM Olympique de Marseille

Quand l’OM s’inspirait du modèle milanais : tactique, formation et ambitions

Quand on évoque les matchs de ac milan dans les années 80 et 90, on pense à une machine à gagner : rigueur défensive, pressing synchronisé, et une organisation quasi militaire. L’Olympique de Marseille, au même moment, écrivait lui aussi ses plus grandes pages en Europe. À première vue, tout oppose ces deux géants. Et pourtant, l’OM n’a jamais caché son admiration pour le modèle milanais, ni son envie de s’en inspirer — non pour le copier, mais pour forger sa propre identité gagnante.

Deux trajectoires parallèles vers le sommet

L’AC Milan de Sacchi et Capello dominait l’Europe par sa méthode. Sous la houlette d’Arrigo Sacchi, le club italien impose un jeu collectif révolutionnaire pour l’époque : 4-4-2 à plat, défense en zone, pressing constant, lignes compactes. Une approche fondée sur l’intelligence tactique plus que sur la créativité individuelle.

Pendant ce temps, l’OM monte en puissance sous Bernard Tapie. Moins dogmatique dans son jeu, plus flamboyant peut-être, mais avec une même obsession : gagner. Tapie le sait, pour rivaliser avec les grands, il faut plus que du talent : il faut une organisation, une vision à long terme, et des fondations solides. À ce jeu-là, Milan est le modèle.

Goethals, stratège inspiré

Quand Raymond Goethals prend les commandes de l’équipe, il arrive avec ses propres convictions. Mais impossible de ne pas sentir une forme de parenté entre sa gestion de l’OM et celle du Milan de Sacchi. Il ne s’agit pas de copier un système, mais d’adopter une rigueur, une discipline collective. Goethals le répète souvent : « Il ne s’agit pas de schémas, mais d’efforts partagés et de respect des consignes. »

La finale de Ligue des Champions en 1993 face… à l’AC Milan est le point culminant de cette philosophie. L’OM ne cherche pas à briller. Il veut gagner. Et le plan est clair : tenir bon derrière, bloquer les transmissions, être chirurgical sur coup de pied arrêté. Le but de Basile Boli sur corner vient ponctuer cette approche aussi sobre qu’efficace. Ce soir-là, Marseille joue à l’italienne… mais sans renier son caractère.

La culture tactique comme héritage

Le Milan des années 90 s’est bâti autour de joueurs intelligents, disciplinés, souvent formés au club : Maldini, Baresi, Costacurta. Des hommes de base, formés pour comprendre le jeu autant que pour y briller. Ce culte du collectif, de la répétition, de la lecture du jeu, imprègne tous les étages du club.

À Marseille, la formation a longtemps été un maillon plus faible. Mais dès les années 90, des efforts sont faits pour structurer en profondeur : développement des équipes de jeunes, intégration de profils tactiquement fiables, volonté de produire des joueurs « adaptables », capables d’évoluer dans des systèmes exigeants. Le chemin est encore long, mais l’ambition existe. On s’inspire d’un Milan qui ne forme pas que des talents, mais des cerveaux du football.

Une ambition européenne partagée

Ce qui rapproche encore plus les deux clubs, c’est leur ambition sans frontières. Le Milan de Berlusconi veut dominer l’Europe, rayonner dans chaque grand stade du continent. Tapie veut la même chose pour l’OM. Pas seulement briller en France, mais s’asseoir à la table des géants.

L’un comme l’autre investissent, structurent, cherchent l’excellence. Chez les Rossoneri, cela passe par un recrutement ciblé : Rijkaard, Gullit, Van Basten. À Marseille, ce sont Boksic, Völler, Deschamps ou encore Abedi Pelé. Des profils différents, mais une même stratégie : renforcer le collectif par des pièces de choix, sans déséquilibrer le jeu.

OM – Milan, un choc révélateur

Le 26 mai 1993 à Munich, c’est plus qu’une finale. C’est un affrontement de philosophies. Le Milan est favori, fort de ses automatismes et de sa profondeur de banc. L’OM, lui, est prêt à souffrir, à se battre, à faire bloc. Le but de Boli, la défense héroïque, la concentration de chaque instant : tout illustre cette influence milanaise intégrée à la sauce phocéenne.

C’est là toute la réussite de Goethals et de Tapie : avoir su adapter un modèle rigoureux à une équipe bouillonnante, passionnée, sans jamais l’étouffer. Milan est resté Milan. Marseille est resté Marseille. Mais les deux ont appris l’un de l’autre.

Et aujourd’hui ?

Trente ans plus tard, la comparaison peut sembler lointaine. L’OM a connu des hauts et des bas, des projets avortés, des entraîneurs aux visions très variées. Mais certaines idées sont toujours là : la volonté d’un jeu structuré, d’une équipe soudée, d’un collectif plus fort que la somme des individualités.

L’AC Milan, de son côté, a connu lui aussi des périodes de crise, avant de se reconstruire patiemment, avec de nouveaux piliers (Théo Hernandez, Tonali, Maignan) et une philosophie remise au goût du jour.

Il reste à l’OM de tirer des leçons de ces trajectoires croisées : pour durer, il faut plus qu’un coup d’éclat. Il faut une colonne vertébrale, une culture tactique, et une foi absolue dans le projet. Ce que Milan a prouvé, ce que Marseille a frôlé — et qu’il peut, un jour, retrouver.


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