OM Olympique de Marseille

3 Novembre 1935 Championnat de France OM Sete 1 - 0

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3 Novembre 1935 Stade de l'Huveaune
l'OM bat Sete 1 à 0 (1 - 0)

Arbitre Mr Raguin
BUT Kohut 18eme
OM Di Lorto, Kurka, Conchy, Bastien, Bruhin, Curcuru, Zermani, Alcazar, Roviglione, Kohut, Janin
FC SETE llense, Ben Bouali, Franquès,Hillier, Gabrillargues, Acimovitch,Monsallier, Cros, Iriondo, Gérard, Benouma.


C'est à un fort beau match que fut convié aujourd'hui le public marseillais, le plus beau qui ait été joué au parc Borély depuis le début de la saison. Il fut même, à ce qu'on dit, bien plus plaisant que le match France-Suisse du dimanche précédent. La comparaison est un peu hardie ; cependant, il est bien permis de souligner qu'une simple rencontre interclubs, comme celle de Marseille, peut offrir un intérêt "spectaculaire" très supérieur à celui d'une rencontre internationale.
C'est l'Olympique de Marseille qui sortit victorieux de l'aventure, par 1 but à 0. Rien à dire à cela, car le sort récompensa bien, en l'occurrence, l'équipe la plus méritoire, celle qui sut le mieux ordonner son jeu et mettre un terme aux offensives adverses.

A en juger seulement par le nombre de shoots que la barre arrêta malencontreusement, l'équipe marseillaise fit connaître à Llense des dangers que Di Lorto ignora. La supériorité des marseillais s'exprima également par un plus grand nombre de mouvements offensifs et un jeu plus incisif.
Un shoot de Kohut valut à l'O.M. son succès. A la dix-huitième minute, Kohut, qui opérait au poste d'intérieur gauche,reçut une passe de Janin et shoota de toute sa puissance à ras de terre, sans que Llense pût bloquer. En seconde mi-temps, Kohut venait à peine de reprendre sa place habituelle à l'aile gauche qu'il envoyait la balle dans les filets sétois, d'un beau shoot.
Dans les filets ? Sans doute, mais la balle n'était-elle pas passé derrrière le poteau ? C'est le problème qui se posa tout aussitôt pour l'arbitre, M. Raguin.
Là-dessus, discussions, protestations, palabres, examen du filet troué ; finalement, le but ne fut pas accordé. Il semble bien, du reste que le verdict de M. Raguin ait été celui que l'équité imposait, car Llense ne pouvait être trompé par un shot de Kohut, étant donné qu'il se trouvait tout près du poteau. Néanmoins, il est heureux que le succès des Marseillais n'ait pas dépendu de ce shot douteux ; sinon la fin de la rencontre aurait été des plus tumultueuses.
Il nous faut  bon gré mal gré, parler à nouveau du jeu en W au risque de lasser les lecteurs les plus patients. D'un dimanche à l'autre, la différence est si sensible, entre les conceptions de jeu et les systèmes qu'on en revient tout naturellement à faire le rapprochement, même si ce rapprochement menace d'être fastidieux.
Il n'y eut pas, entre Marseillais et Sétois beaucoup d'application à marquer l'adversaire direct.
On s'en remit pour cela, comme naguère, à l'inspiration du moment et un peu aussi  au hasard. Il n'y eut guère que Bruhin pour accorder un peu de son attention à Iriondo. Ce serait une erreur, toutefois, de croire que Bruhin se compotra en policeman sévère et qu'il sacrifia délibérément à la tactique purement défensive imposée au demi-centre de l'équipe de France. Il prit sa part du travail incombant aux arrières, et voilà tout. Faute de système rigide, les passes aboutirent fréquemment à un joueur libre de ses mouvements et apte, par conséquent à poursuivre le mouvement ébauché.
On comprend sans peine que, dans une rencontre où les joueurs ne se préoccupent pas outre mesure de surveiller leurs adversairs, les attaques peuvent se développer sans contrainte, donnant au jeu un caractère plaisant. Ce n'est donc pas tout à fait par hasard que le match de Marseille séduisit ses spectateurs, alors que celui de Genève avait été décevant.
Lorque une ligne d'avants tout entiere est à même de manoeuvrer sans être soumise à un contrôle sérieux, il va de soi que le jeu n'offre pas, de son côté un caractère heurté. Le point de vue du spectateur est donc favorable au statu quo ante Kimpton si je puis dire.Pourtant est -il possible à présent que nos grandes équipes n'aient d'autre maître que le hasard ?

Et n'est ce pas un des grands principes du football de mettre chaque adversaire sous bonne garde, afin de neutralier son action ? Voilà, je pense, le problème posé d'une façon objective. La difficulté sera de le résoudre sans préjudice pour la clarté du football, ni pour sa valeur spectaculaire.
Pour revenir au match Marseille-Sète, répétons qu'il consacra la supériorité de l'équipe locale,
Supériorité athlétique, tout d'abord, mais aussi supériorité dans l'utilisation de la balle.
Sans nier les grands mérites d'Acimovitch et d'Hillier, je puis bien déclarer que ces deux joueurs se bornèrent le plus souvent à lancer des passes longues et hautes qui faisaient le bonheur des demis marseillais.

Non seulement cela contrastait avec le jeu si réfléchi de Gabrillargues, mais le travail entamé se trouvait ruiné du coup. Tout en admettant qu'il est difficile à des demis aile de soigner toujours leurs passes comme peut le faire le demi-centre, je suis d'avis qu'ils n'ont pas quand même à se libérer eux-mêmes du souci de toute précision. La partie se serait jouée d'autre façon si les avants sétois avaient eu la tâche facilitée par des services corrects.
Au point où en est le football en France, on a peine à concevoir que des demis opèrent encore à la façon d'arrières avancés.