Christian Gourcuff, l'homme qui murmure à l'oreille des footballeurs


Marseille/Lorient, certainement pas les mêmes moyens, l'occasion de rendre hommage à l'ami Christian Gourcuff qui n'en finit plus de faire des miracles en voyant partir ses meilleurs éléments chaque saison, tout en respectant une certaine idée du football.

Cette année avec son président, il a eu un peu les "Oliboffis" quand Loïc Féry ne lui a pas trop demandé son avis pour le transfert de Mario Lemina à Marseille.

L’ambiance au FC Lorient a été pesante et certains sponsors ont décidé de se mêler à la querelle. Ambiance tendue du côté du club breton…

Christian fait comme il peut, avec un renouvellement perpétuel de joueurs révélés dans son équipe, qui partent dans les clubs plus huppés, remplacés par de jeunes espoirs ou des pensionnaires de Ligue 2 et de National.

Par exemple, Abriel, Koné, Morel, Amalfitano, Gignac, André Ayew, Romao, Lemina et j'en passe qui sont venus à l'OM.

Mais aussi Koscielny, Gameiro, Jallet, Marchal, Ciani, la liste est longue et non exhaustive et renouvelable d'année en année.

L’occasion était trop belle de rendre hommage à Christian, que nous côtoyons régulièrement pour le site du Miroir du Football.
Il a été influencé dès son plus jeune age par la lecture de ce mensuel, aujourd'hui disparu, et de son rédacteur en chef François Thébaud.

Christian essaye du mieux qu’il peut de transmettre les valeurs d'un certain football, il s'est confié aux chroniques olympiennes.

« Pour moi, le jeu collectif est aussi ma conception de la vie...

Il est synonyme de partage. Mais j’avoue que je ressens un décalage entre la société telle qu’elle est et ma perception des choses. L’individualisme prend le pas sur tout. Je vais prendre un exemple : je ne comprends pas que des journalistes notent les joueurs. Moi, je n’en ai jamais noté un seul durant toute ma carrière d’entraîneur. C’est tellement subjectif. Et cela peut renforcer l’individualisme des joueurs, s’ils privilégient leurs statistiques personnelles au détriment du collectif. »

Christian Gourcuff parle de ses motivations « Bien sûr que j’aimerais que mon équipe marque un peu plus de buts, soit plus efficace. Mais à défaut d’avoir une équipe capable de marquer beaucoup de buts, j’ai le plaisir de travailler tous les jours avec des hommes qui adhèrent à mes idées. C’est aussi ce qui me fait avancer et me permet de trouver la motivation. J’’ai 58 ans, je suis bien à Lorient. Ici, je pense pouvoir bénéficier d’une certaine sécurité par rapport à mon travail, aux idées que je défends. Cela n’a pas toujours été le cas. Je pense à Rennes. J’ai la passion du jeu, tout simplement »

Il insiste aussi sur le plaisir du jeu et l’utilisation du ballon. « Il m’arrive de travailler sans sur des aspects tactiques. Mais sur un laps de temps très réduit. Le ballon est au centre de tout. Je ne conçois pas un échauffement collectif sans lui, car les joueurs éprouvent du plaisir à le toucher, à le transmettre. La notion de plaisir est essentielle.

On peut gagner en jouant mal, mais pas sur la durée. Le résultat est toujours important, mais l’épanouissement passe aussi par les sensations, les émotions. En général, une équipe qui est capable de garder le ballon sera moins en danger que celle qui passe beaucoup de temps à défendre. »

Entraîneur, un métier difficile et très aléatoire, où les techniciens ont souvent très peu de temps pour faire leur preuve. Christian explique pourquoi il continue. « Pour la recherche de ces moments de plénitudes, tels que j’en ai connus en 1998, lors de la première montée. Il y avait une telle osmose dans le groupe, entre ce qu’on faisait et ce qu’on voulait faire. J’ai eu du mal à retrouver ça depuis, même si j’ai connu des moments forts comme le match de la montée, il y a cinq ans. Il y avait une telle tension, c’était très fort sur le plan émotionnel. »

Christian Gourcuff se réfère à celui qui l’a inspiré, François Thébaud.

«François, c’était une grande rencontre pour moi. Cela dépassait le cadre du foot. Dans ma jeunesse, j’étais un passionné de ballon. Je jouais en permanence et, avec mes copains, nous dévorions le Miroir du Football. Nous achetions un seul exemplaire de la revue mais nous lisions tout : c’était important pour nous.

Je connaissais François par ses écrits et je l’admirais beaucoup avant de le rencontrer.

L’été, nous participions à des tournois de sixte à Moëlan et François se déplaçait pour nous voir jouer. Nous avions fini par faire connaissance. Et comme mon équipe avait pris le nom de Fluminense, un grand club de Rio de Janeiro, François nous avait ramené un jeu de maillots du Brésil !

Par la suite, j’ai eu souvent l’occasion d’aller le voir chez lui, à Riec-sur-Belon.»

François Thébaud a laissé un héritage, celui d’une conception du football. et Christian le perpétue.